Achat de livres scolaires – Centre Don Bosco – N’Djamena
Interview de Véronique, enseignante bénévole au Centre Don Bosco de N’Djamena, capitale du Tchad, recueillie par Nicolas Bogaert, rédacteur à Don Bosco Aujourd’hui.
« Depuis deux ans, je vis au Centre Don Bosco une expérience professionnelle inédite et passionnante. » Française expatriée au Tchad, Véronique est enseignante bénévole de français au Centre Don Bosco de N’Djamena comme. Elle témoigne.
« Pour l’enseignante que je suis, le Centre Don Bosco de N’Djamena, capitale du Tchad est une belle découverte. Y vivre presque quotidiennement est un plaisir. Mon mari étant expatrié au Tchad, je l’ai accompagné dans ce pays et, dès mon arrivée, je me suis rapprochée des salésiens de Don Bosco présents à N’Djamena, dont le père Evita, directeur du Centre Don Bosco.

Soutenir chaque élève
Cet établissement scolaire, implanté en bord de route dans le 7ième arrondissement, accueille environ 500 élèves de la maternelle à la terminale. Un lycée professionnel propose six spécialités dont la mécanique, l’électricité, la cuisine et la couture. Le centre dispense également des formations courtes à des filles-mères et assure également l’accueil sur place de leurs enfants non scolarisés.
Dans un pays où l’indice de développement humain est parmi les plus bas au monde et qui compte environ 60 % d’analphabètes, le Centre Don Bosco (CDB) jouit d’une excellente réputation tant pour la qualité de son enseignement que pour le climat d’étude offert aux élèves, dans le respect et la bienveillance dus à chacun. Pour autant, les difficultés d’apprentissage des élèves sont bien réelles. Ainsi, si les effectifs par classe à Don Bosco sont réduits par rapport à la moyenne nationale (80 élèves par classe environ) ils sont tout de même 42 élèves en 6e, 48 en 3e, un peu moins en 5e et 4e. La pratique quotidienne de la langue locale fait du français (presque) une langue étrangère pour bon nombre d’élèves. Les conditions d’hébergement de certains élèves, les habitudes culturelles qui obligent bien des filles à aider leur mère avant et/ou dès le retour de l’école, les enfants orphelins recueillis par obligation et considérés comme un poids par la famille, etc… ne simplifient pas la vie et les apprentissages des élèves.

Des salésiens et des bénévoles exigeants et à l’écoute
Mon premier contact avec le Centre Don Bosco et son directeur m’a enthousiasmée. L’approche éducative de la communauté salésienne met l’élève véritablement au centre de son apprentissage, guidé par une équipe pédagogique rigoureuse, exigeante et à l’écoute. J’y enseigne le français à titre bénévole, de la 6e à la 3e, ne me substituant pas à un professeur de français, mais apportant une à deux heures de cours supplémentaires aux six heures hebdomadaires déjà suivies par les élèves. Le père Evita, directeur, est très attaché à l’ouverture sur le monde et aux formations complémentaires pour ses élèves, dans un pays particulièrement enclavé (pour rappel, les pays voisins sont le Cameroun, le Nigéria, le Niger, la Libye, le Soudan et la République Centrafricaine). Cela me laisse beaucoup de liberté dans le choix des thèmes et documents d’étude, les deux objectifs prioritaires étant bien sûr l’orthographe et l’expression, tant orale qu’écrite.
Depuis bientôt deux ans, je vis au Centre Don Bosco une expérience professionnelle inédite et passionnante. J’y apprends à repenser ma pédagogie pour des raisons culturelles bien sûr, mais aussi pour des raisons d’ordre technique car ici tous les quartiers de la capitale ne sont pas approvisionnés en électricité. Pas d’électricité à l’école, ce n’est pas seulement moins de confort (lumière, brasseurs d’air, climatisation), cela signifie pour l’enseignant l’impossibilité d’agrémenter ses cours de présentations powerpoint, vidéos, reportages, films, etc.
Enfin, la carence en librairies et en bibliothèques rend l’accès aux livres extrêmement difficile pour les élèves : une seule librairie digne de ce nom existe à N’Djamena. Pour le reste, les livres – souvent vétustes – sont vendus au marché ou au bord des routes. Les livres éducatifs sont quasiment introuvables tout comme les livres pour enfants et les romans pour la jeunesse. Les professeurs eux-mêmes peinent à se documenter. Dans ce contexte, remonter la bibliothèque du CDB fait partie des tâches que je me suis assignées, pour le plus grand plaisir des élèves… et pour le mien ! »